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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/429

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POÉTIQUES.

On n’entendit alors que la sourde harmonie
Des sphères poursuivant leur course indéfinie,
Et des astres pieux le murmure d’amour,
Qui vient mourir au seuil du céleste séjour.

Mais en vain dans le ciel les chœurs sacrés se turent ;
Autour du trône en vain tous les saints accoururent :
L’archange entendit seul les ordres du Très-Haut.
Il s’incline, il adore, il s’élance aussitôt.

Telle qu’au sein des nuits une étoile tombante,
Se détachant soudain de la voûte éclatante,
Glisse, et, d’un trait de feu fendant l’obscurité,
Vient au bord des marais éteindre sa clarté ;
Tel, d’un vol lumineux et d’une aile assurée,
L’ardent Ithuriel fend la plaine azurée.
À peine il a franchi ces déserts enflammés
Que la main du Très-Haut de soleils a semés,
Il ralentit son vol, et, comme un aigle immense,
Sur son aile immobile un instant se balance :
Il craint que la clarté des célestes rayons
Ne trahisse son vol aux yeux des nations,
Et, secouant trois fois ses ailes immortelles,
Trois fois en fait jaillir des gerbes d’étincelles.
Le nocturne pasteur, qui compte dans les cieux
Les astres tant de fois nommés par ses aïeux,
Se trouble, et croit que Dieu, de nouvelles étoiles,
A de l’antique nuit semé les sombres voiles.

Mais, pour tromper les yeux, l’archange essaye en vain
De dépouiller l’éclat de ce reflet divin ;