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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/546

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MÉDITATIONS


« Race immortelle des Zoïle,
Non, vous ne vous éteindrez plus !
Bavius attend son Virgile,
Socrate meurt sous Anitus !
Le Dante est maudit de Florence ;
La mort, dans sa dure indigence
Surprend l’aveugle d’Albion ;
Et l’Envie un jour se console
De marchander pour une obole
La gloire d’une nation[1] !

« Le chantre divin d’Herminie,
Rongeant son cœur dans sa prison,
Sous les assauts de l’insomnie
Sent fléchir jusqu’à sa raison.
D’une haine injuste et barbare
Les sombres cachots de Ferrare
Éteignent-ils l’affreux flambeau ?
Non : la haine qui lui pardonne
Lui laisse entrevoir sa couronne,
Mais c’est plus loin que son tombeau !

« Et toi, chantre d’un saint martyre ;
Toi que Sion vit adorer
Toi qu’en secret l’envie admire,
En s’indignant de t’admirer ;
En vain, en rampant sur ta trace,
La Haine avec sa langue efface

  1. Le Paradis perdu, vendu pour dix guinées.