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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 10.djvu/117

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Le parti d’Orléans, qui tenait par Sillery, Laclos, madame de Genlis aux Jacobins, rechercha l’amitié du nouveau ministre. Quant à Robespierre, dont la politique était une réserve habile avec tous les partis, il n’affecta à l’égard de Dumouriez ni faveur ni antipathie ; mais il éprouva une joie secrète de voir s’élever en lui un rival de ses ennemis. Il est difficile de haïr l’ennemi de ceux qui nous haïssent.


XIX

L’antagonisme naissant de Robespierre et de Brissot s’envenimait de jour en jour davantage. Les séances des Jacobins et les feuilles publiques étaient le théâtre continuel de la lutte et des réconciliations de ces deux hommes. Égaux de forces dans la nation, égaux de talents à la tribune, on voyait qu’ils se craignaient en s’attaquant. Ils masquaient de respect mutuel jusqu’à leurs offenses. Mais cette animosité comprimée n’en rongeait que plus profondément leurs âmes. Elle éclatait de temps en temps sous la politesse de leurs paroles, comme la mort sous le poli de l’acier.

Tous ces ferments de division, de rivalité et de ressentiment, bouillonnèrent dans les séances d’avril. Elles furent comme une revue générale des deux grands partis qui allaient déchirer l’empire en se disputant l’ascendant. Les Feuillants ou les constitutionnels modérés étaient les victimes que chacun des deux partis populaires immolait, à