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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 10.djvu/262

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amis de La Fayette. Sa lettre est renvoyée à la commission des Douze.

Voilà toute la victoire qu’obtint cette démarche. Une intention généreuse, un acte de courage individuel, de saines paroles, un vote, et rien après. De même que les Girondins au 20 juin, La Fayette osa trop ou trop peu. Menacer sans frapper, en politique, c’est se découvrir, c’est donner le secret de sa faiblesse à ceux qui peuvent croire encore à votre force. Si La Fayette eût tenté de faire de sa présence à Paris un coup d’État et non un coup parlementaire ; s’il se fût assuré d’un régiment, de quelques bataillons de garde nationale soldés ; s’il eût marché sur les Jacobins, fermé leurs clubs en se rendant à l’Assemblée aux applaudissements des citoyens ; s’il eût fait préparer par ses amis une motion qui lui donnât la dictature militaire de Paris, la responsabilité de la constitution, la garde de l’Assemblée et du roi, il pouvait peut-être écraser les factieux : sa conduite réservée ne fit que les irriter.


VI

L’Assemblée délibérait encore. Il était déjà sorti, n’emportant pour conquête que quelques sourires et quelques battements de mains. Il se rendit chez le roi. La famille royale y était réunie : le roi et la reine le reçurent avec la reconnaissance due à son dévouement, mais avec le sentiment de l’inutilité de son courage. Ils craignirent même en