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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/194

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Leurs regards fascinés suivaient cette eau sans fin ;
Ils aimaient à marcher sur l’or du sable fin,
Que de longs flots ridés des brises de l’aurore
Pour leurs pieds fatigués amollissaient encore !
Ces palpitations de la mer dans son lit,
Ce mouvement sans fin d’un élément qui vit,
Ces grands gémissements accentuant ces plages,
Des bords peints dans les eaux les flottantes images,
Ces mystères du fond que l’œil peut traverser,
Avec leurs sens ravis tout semblait converser ;
Et, leur cœur plein du bruit qu’écoutait leur oreille,
Ils marchaient, sur ces bords, de merveille en merveille.
Les bonds désordonnés de l’abîme mouvant,
Les grands chocs de la mer sous les fougues du vent,
Entre le velours d’herbe et les vagues limpides,
N’étendaient pas encor des lisières arides ;
Mais la vague endormie et le feuillage épais
Se touchaient sur la grève et se baisaient en paix.
L’arbre trempait ses pieds dans l’écume des plages,
Et les flots attiédis s’obscurcissaient d’ombrages.
Le couple voyageur savourait à la fois
Les doubles voluptés des ombres et des bois.


Déjà, comme une tour que son sommet écrase,
Le Carmel devant eux s’affaissait sur sa base.
Dans le sein de la mer dont il brunit l’azur
Son cap retentissant s’avançait comme un mur ;
La rame impatiente, y brisant en fumées
Ses écumes sans fin par les brises semées,