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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/98

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Confiant, pour la route, au dos des éléphants,
Les images des dieux, les femmes, les enfants,
Et chargeant des fardeaux les chameaux et les ânes,
Ils serpentaient, à l’ombre, en longues caravanes :
Et les rives du fleuve, et les dômes des bois,
Dans leur silence émus tressaillaient à leurs voix.

Cédar, chargé du poids de ses lourdes entraves,
Suivait, mêlé lui-même au troupeau des esclaves,
Et, cherchant Daïdha de l’œil parmi ses sœurs,
Arrosait, sur ses pas, l’herbe de ses sueurs.
Ils marchèrent ainsi pendant trois fois deux lunes.
Tantôt sur ces sillons que l’on élève en dunes
Aux bords grondants des mers, dont les flots à leurs yeux
Dans un lointain confus semblaient s’unir aux cieux ;
Tantôt dans des vallons aux falaises profondes,
Que des fleuves sans nom remplissaient de leurs ondes.
Ne sachant pas encor l’art de les traverser,
Ils remontaient au loin leurs flots pour les passer.
Enfin des monts boisés les croupes descendirent,
Sur un libre horizon leurs pentes s’étendirent,
Et l’Oronte, aussi bleu qu’un firmament du soir,
Épancha sous leurs pieds son radieux miroir.

Il coulait sous un cap dont les grottes profondes
Grossissaient par l’écho les plaintes de ses ondes ;
À ces antres voilés de mousse, d’églantiers,
Les gazons dessinaient de faciles sentiers,