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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 32.djvu/34

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ACTE I, SCÈNE III

SCÈNE   TROISIÈME


ADRIENNE, LUCIE, PÉTION, nègres, négresses, matelots, aides de camp, artilleurs, etc..

Un mouvement subit et général a lieu au fond de la scène. – Les noirs, hommes et femmes, se précipitent vers un rocher élevé qui domine la mer ; ils regardent l’horizon en se montrant les uns aux autres quelque chose du geste. – Lucie et Adrienne, interrompues par ce mouvement et par ces cris, suivent le groupe des noirs et regardent la mer comme eux. – Un noir passe en courant vers le quartier général et crie.

UN NÈGRE.

Le crois-tu ?…Des vaisseaux !

Il disparaît.

UNE NÉGRESSE.

Le crois-tu ?… Des vaisseaux ! Quel nuage de voiles !

UN AUTRE NÈGRE.

Il s’en lève sur l’onde autant qu’au ciel d’étoiles.

UNE ORDONNANCE de Toussaint.

Allumez les signaux !

UN AIDE DE CAMP mulâtre de Toussaint.

Allumez les signaux ! Canonniers ! à vos camps !

UNE NÉGRESSE, montrant du doigt les montagnes.

Les mornes allumés sont autant de volcans.

UN NÈGRE.

Pour l’escadre qui vient chercher un peuple esclave
Des volcans d’Haïti que la mort soit la lave !

LUCIE.

Dieu ! quelle affreuse aurore après des nuits de paix !

ADRIENNE, regardant la mer.

Que la ligne est immense et que les rangs épais !
Du cap de Samana jusqu’à la Pointe-à-Pile
L’Océan tout entier semble marcher sur l'île.

UN NÈGRE.

Des milliers de canons brillent dans les sabords !