Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
CÉSAR.

naissance. On s’apercevait qu’on n’avait fait que changer de maître.

Ce mécontentement éclata dans le Nord. Une vaste coalition des peuples de la Belgique s’y forma contre César. Les Belges, au rapport de César, étaient les plus belliqueux de tous les Gaulois, parce qu’ils étaient les plus éloignés de la civilisation de la province et qu’ils commerçaient peu avec les marchands étrangers. Lorsque depuis près d’un siècle le reste de la Gaule était réduit à se défendre contre les agressions incessantes du dehors, les Belges, demeurés intacts, faisaient encore des conquêtes, et il y avait peu d’années qu’ils avaient opéré une descente dans l’île de Bretagne.

Il ne fut pas difficile aux mécontents, qui ne voulaient être ni Romains ni Germains, de soulever ces populations remuantes. Une assemblée générale fut convoquée où toutes les cités de la confédération étaient sommées d’envoyer des députés. Toutes le firent, à l’exception de ceux de Rèmes (les Rémois), qui, gagnés par les menées de César, espéraient obtenir avec son secours la suprématie sur le reste des Belges.

César, inquiet de ces nouvelles, revint en hâte de la Gaule cisalpine, où il avait levé deux légions nouvelles ; il rejoignit son armée cantonnée dans la Séquanie, et se porta en douze jours du Doubs sur la Marne. Il arriva lorsque la levée en masse de la Belgique se précipitait sur les terres des Rèmes ; elle comptait doux cent quatre-vingt-dix mille hommes.

On a peine à comprendre, dit M. Henri Martin dans son Histoire de France, comment le sol de la Belgique, couvert de forêts et fort mal cultivé, pouvait nourrir une telle multitude d’hommes libres et de guerriers ; c’est que la barbarie gauloise n’était pas dévorée, comme la civilisation gréco-romaine, par la plaie de l’esclavage. Il n’y avait