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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 36.djvu/78

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MADAME DE SÉVIGNÉ.

tience monsieur votre frère (l’abbé Arnauld d’Andilly) pour me consoler un peu avec lui de cette étrange aventure. Cependant je ne cesse pas de souhaiter de tout mon cœur du soulagement aux malheureux, et je vous demande toujours la consolation de votre amitié. »

« Remerciez mademoiselle de Scudéri, écrit-elle quelques jours après à Ménage, de rester si courageusement fidèle à son amitié pour Fouquet, et de me défendre contre les insinuations calomnieuses à ce sujet. Je voudrais de tout mon cœur que l’on pût oublier le surintendant lui-même. »

Dans les lettres qu’elle écrit plus tard de sa retraite des Rochers aux Arnauld, exilés pour la cause de Fouquet, elle n’appelle jamais l’accusé que notre cher ami. Elle sait que ces lettres seront décachetées par les ennemis de Fouquet, et elle les brave ; elle verse des larmes courageuses sur son sort ; elle suit de l’œil et de l’oreille son attitude et ses réponses dans les interrogatoires ; elle écrit à M. de Pomponne : « Notre cher et malheureux ami a parlé deux heures ce matin, mais si admirablement bien, que plusieurs n’ont pu s’empêcher de l’admirer, M. Renard a dit entre autres : « Il faut avouer que cet homme est incomparable ; il n’a jamais si bien parlé dans le parlement, il se possède mieux qu’il n’a jamais fait. » C’était sur les six millions et sur ses dépenses ; il n’y a rien de comparable à ce qu’il a dit là-dessus. — Je vous écrirai jeudi ou vendredi. Dieu veuille que ma lettre vous apprenne ce que je souhaite le plus ardemment ; priez notre solitaire (Arnauld) de prier Dieu pour notre pauvre ami. »

Notre cher ami est encore allé sur la sellette. L’abbé d’Effiat l’a salué en passant ; il lui rendit son salut avec cette mine riante et fixe que nous connaissons. L’abbé d’Effiat a été si saisi de tendresse qu’il n’en pouvait plus.

Cela durera encore toute la semaine prochaine, c’est-à-dire qu’entre ci et là, ce n’est pas vivre que la vie que