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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/164

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les trois heures après midi, l’ordre de la marche est interrompu ; les Bédouins se dispersent dans une belle plaine, sautent à terre, plantent leurs lances et y attachent leurs chevaux ; les femmes courent de tous côtés, et dressent leurs tentes près du cheval de leur mari. Ainsi, comme par enchantement, nous nous trouvâmes dans une espèce de ville aussi grande que Hama. Les femmes sont seules chargées de dresser et de lever les tentes ; elles s’en acquittent avec une adresse et une rapidité surprenantes. Elles font généralement tous les travaux du campement ; les hommes conduisent les troupeaux, tuent les bestiaux et les dépouillent. Le costume des femmes est très-simple : elles portent une grande chemise bleue, un machlas noir et une espèce d’écharpe de soie noire, qui, après avoir couvert la tête, fait deux fois le tour de la gorge et retombe sur le dos ; elles n’ont pas de chaussures, excepté les femmes des scheiks, qui portent des bottines jaunes. Leur ambition et leur luxe est d’avoir un grand nombre de bracelets ; elles en portent en verre, en pièces de monnaie, en corail et en ambre.

La plaine où nous nous arrêtâmes s’appelle El-Makram. Elle n’est pas éloignée de Hama. C’est un endroit assez agréable, que de gras pâturages rendent propre au séjour des Bédouins.

Le quatrième jour, nous eûmes une alerte. À quatre heures après midi, les bergers accoururent tout effarés, criant : « Aux armes ! l’ennemi s’est emparé de nos troupeaux ! » C’était la tribu El-Daffir, qui, épiant l’occasion de se venger de Nasser, avait envoyé mille cavaliers enlever les troupeaux à l’entrée de la nuit, pour ne pas laisser le