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faisaient connaître le caractère et la générosité des Bédouins. — La tribu de Douhi est plus riche et moins cupide que celle de Mehanna ; leurs chevaux sont plus beaux. Nous restâmes quinze jours parmi eux. Scheik-Ibrahim fit des cadeaux à tous les chefs, et vendit quelques articles aux femmes pour soutenir le rôle de marchands. Ensuite nous partîmes pour visiter les trois scheiks tributaires de l’émir Douhi.

Scheik-Ibrahim me dit qu’il n’avait d’autre intérêt à rester parmi ces Bédouins que celui de me donner l’occasion d’étudier de plus en plus leur langue et leurs coutumes ; — qu’il fallait, pour son commerce à lui, arriver chez le drayhy ; — mais que je devais mettre à profit nos courses dans toutes les tribus pour prendre des notes exactes de leurs noms et de leur nombre, qu’il lui était important de connaître.

Leur manière de parler est très-difficile à acquérir, même pour un Arabe, quoique au fond ce soit la même langue. Je m’y appliquai avec succès. J’obtins aussi dans le cours de nos longs voyages le nom de tous les scheiks et le dénombrement de toutes les tribus, chose qui n’avait jamais pu être faite jusqu’alors. J’en donnerai la liste à la fin de mon journal.

Les tribus nombreuses sont souvent obligées de se partager en détachements de deux cents à cinq cents tentes et d’occuper un grand espace, afin de se procurer de l’eau et de nourrir leurs troupeaux. — Nous parcourûmes successivement tous les campements, en attendant que nous pussions