Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous allâmes ensuite camper près des montagnes de Sangiar, qui sont habitées par des adorateurs du mauvais esprit. La principale tribu du pays, commandée par Hamoud-el-Tammer, est fixée près de la rivière Sagiour, et ne voyage pas comme les autres. Hamoud refusa longtemps d’entrer dans l’alliance. J’eus à ce sujet une longue correspondance avec lui. L’ayant enfin persuadé de se joindre à nous, il y eut beaucoup de réjouissances et de fêtes de part et d’autre. Hamoud invita le drayhy à venir chez lui, et le reçut très-magnifiquement. Cinq chameaux et trente moutons furent égorgés pour le repas, qui fut servi par terre hors des tentes. Les plats de cuivre étamés semblaient être d’argent ; chaque plat était porté par quatre hommes, et contenait une montagne de riz de six pieds de haut, surmontée d’un mouton tout entier ou d’un quartier de chameau ; dans d’autres moins grands était un mouton rôti ou un gigot de chameau. Une infinité de petits plats, garnis de dattes et autres fruits secs, remplissaient les intervalles. Leur pain est excellent. Ils firent leur blé de Diabekir, et leur riz de Marhach et de Mallatie. Lorsque nous étions assis, ou plutôt accroupis autour de ce festin, nous ne pouvions distinguer les personnes vis-à-vis. Les Bédouins de cette tribu sont habillés bien plus richement que les autres ; les femmes sont très-jolies ; elles portent des vêtements de soie, beaucoup de bracelets et de boucles d’oreilles en or et en argent, et un anneau d’or au nez.

Après quelques jours passés dans les fêtes, nous continuâmes notre voyage, et nous nous approchâmes d’un fleuve, ou plutôt d’un bras de l’Euphrate qui l’unit au Tigre. Un courrier nous rejoignit en cet endroit. Monté sur