Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son mari revint au camp, apprit mon arrivée, et envoya dire à Arquïé qu’elle eût à chasser ignominieusement l’espion qui était chez elle ; que les devoirs de l’hospitalité retenant son bras et lui défendant de se venger sur le seuil de sa tente, il ne rentrerait que lorsque le traître n’y serait plus. — Arquïé répondit avec beaucoup de fierté que j’étais son hôte et qu’elle ne se laisserait point faire la loi. — Je me levai et je voulus prendre congé d’elle, en lui demandant pardon de l’embarras que je lui causais ; mais elle tenait apparemment à me convaincre que je ne lui avais pas gratuitement attribué une influence qu’elle ne possédait pas : car elle me retint forcément, et sortit pour conférer avec son mari. Elle rentra bientôt, suivie d’Abedd, qui me traita poliment, et m’invita à lui expliquer les intentions du drayhy. Je gagnai sa confiance avec l’aide de sa femme, et, avant la fin de la journée, c’était lui qui me sollicitait de lui permettre de m’accompagner chez le drayhy, — et moi qui m’en défendais, en lui disant que je n’oserais le présenter à l’émir sans l’en prévenir, parce qu’il était très-irrité contre lui ; — mais que j’allais plaider sa cause, et que je lui enverrais bientôt une réponse. Je les quittai, au moins aussi empressés d’entrer dans l’alliance que je l’étais moi-même de les y amener.

D’après l’invitation du drayhy, Abedd vint au bout de quelques jours mettre son cachet au bas du traité, et échanger les chameaux qui avaient été réciproquement pris pendant la guerre. Cette affaire difficile étant terminée d’une manière si satisfaisante, nous quittâmes les sables pour aller passer huit jours sur le terrain Attérïé, à trois heures du Tigre, près des ruines du château El-Attera, où les pâtu-