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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/222

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passé ; je m’en rapporte au jugement de ton père et de ton frère. » Hafza raconta la vérité, et son père, plein d’indignation, leva sur elle son sabre, et l’abattit à ses pieds.

Étant arrivés, d’étape en étape, jusqu’à quatre heures de Bagdad, M. Lascaris s’y rendit secrètement pour voir le consul de France, M. Adrien de Correncé, et négocier avec lui une forte somme d’argent.

Le lendemain, après avoir traversé le Tigre à Machad, nous allions nous établir près de la rivière El-Cahaun, lorsque nous apprîmes qu’une guerre acharnée régnait entre les Bédouins, qui prenaient parti pour ou contre notre alliance. Scheik-Ibrahim engagea alors le drayhy à ne pas s’arrêter, mais à rejoindre nos alliés le plus vite possible. En conséquence, nous allâmes camper près de plusieurs petites sources à El-Darghouan, à vingt heures de Bagdad ; et le lendemain nous traversâmes une grande chaîne de montagnes. Nous avions rempli nos outres, précaution nécessaire, ayant une marche de douze heures à faire dans des sables brûlants où l’on ne trouve ni eau ni pâturages. Arrivés aux frontières de Perse, nous y rencontrâmes un messager de la tribu El-Achgaha, porteur d’une lettre du chef Dehass, qui réclamait l’assistance du père des héros, du chef des plus redoutables guerriers, le puissant drayhy, contre ses ennemis, forts de quinze mille tentes. Nous étions alors à six journées de cette tribu. Le drayhy ayant donné ordre de continuer la marche, nous franchîmes cette distance en trois fois vingt-quatre heures, sans nous arrêter, même pour manger. La plus grande fatigue de cette marche forcée tombait sur les femmes, chargées de faire