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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/247

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tits miroirs qui, placés de distance en distance, réfléchissaient la scène de tous côtés. Des coussins de soie étaient préparés pour recevoir la mariée. Le second chameau était chargé de sa tente, et le troisième de ses tapis et de ses ustensiles de cuisine. La mariée placée dans son haudag, et entourée des femmes des chefs montées sur leurs chameaux, et des autres femmes à pied, la marche commença. Des cavaliers, caracolant en avant, annonçaient son arrivée aux tribus que nous devions rencontrer, et qui venaient au-devant de nous, jetant de l’encens et égorgeant des moutons sous les pieds des chameaux de la mariée. Rien ne peut donner une idée exacte de cette scène, ni de celle qui dura tout le jour et toute la nuit.

Il serait impossible de dépeindre les danses, les chants, les feux de joie, les banquets, les cris de toute espèce, le tumulte, qui suivirent son arrivée. Deux mille livres de riz, vingt chameaux et cinquante moutons furent dévorés au repas des chefs. Huit tribus entières furent rassasiées par l’hospitalité de Fares, et l’on criait encore, au milieu de la nuit : — « Que celui qui a faim vienne manger ! » Ma réputation était si grande parmi eux, que Giarah me demanda un talisman pour assurer le bonheur de cette union ; j’écrivis son chiffre et celui de sa femme en caractères européens, et le lui remis avec solennité. Personne ne douta de l’efficacité de ce charme en voyant le contentement des deux époux.

Quelques jours après, ayant appris que les Wahabis, forts de dix mille combattants, assiégeaient Palmyre, le drayhy donna l’ordre d’aller à leur rencontre, et nous les