Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ponse, nous vîmes vingt-cinq nègres armés se ranger auprès de notre porte. Nous étions donc décidément prisonniers. Combien je maudissais la folle curiosité qui m’avait jeté dans un péril si gratuit ! Le drayhy ne craignait pas la mort, mais la contrainte lui était insupportable ; il se promenait à grands pas de long en large, comme un lion devant les barreaux de sa cage. Il me dit enfin :

« Je veux en finir ; je veux parler à Ebn-Sihoud, et lui reprocher sa perfidie. Je vois que la douceur et la patience sont inutiles, je veux au moins mourir avec dignité. »

Il fit de nouveau demander El-Sallem, et dès qu’il l’aperçut :

« Retournez auprès de votre maître, lui dit-il ; annoncez-lui que, par la foi des Bédouins, je réclame le droit de parler : il sera toujours à temps d’user de son bon plaisir, après qu’il m’aura entendu. »

Le Wahabi ayant accordé une audience, El-Sallem nous introduisit : arrivés en sa présence, le roi nous laissa debout, et, sans répondre au salut d’usage :

« Que voulez-vous ? » dit-il brusquement.

Le drayhy, se redressant avec dignité, répondit :

« Je suis venu chez vous, ô fils de Sihoud, sur la foi de vos promesses, n’ayant qu’une suite de dix hommes, moi qui commande à des milliers de guerriers. Nous sommes