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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/386

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trême. « Ô mon fils, lui dit son oncle Asyed sitôt qu’il l’aperçut, tu viens de faire une triste démarche, car elle t’a déshonoré. — Si ce n’eût été quelques chefs qui entourent Hadifah et lui donnent de perfides conseils, j’aurais accommodé toute l’affaire, dit Cais ; mais maintenant il ne reste plus qu’à s’occuper du pari et de la course. »

Le roi Cais se reposa toute la nuit. Le lendemain, il ne pensa plus qu’à dresser son cheval pendant les quarante jours déterminés. Tous les Arabes du pays s’étaient promis entre eux de venir aux pâturages pour voir la course ; et lorsque les quarante jours furent expirés, les cavaliers des deux tribus vinrent en foule près du lac de Zatalirsad. Puis arriva l’archer Ayas, qui, tournant le dos au lac, point d’où les chevaux devaient partir, tira, en marchant vers le nord, cent coups de flèche jusqu’à l’endroit qui devint le but. Bientôt arrivèrent les cavaliers du Ghitfan et du Dibyan, car ils étaient du même pays ; et, à cause de leurs relations d’amitié et de parenté, on les comprenait sous le nom de tribu d’Adnan. Le roi Cais avait prié Antar de ne pas se montrer en cette occasion, dans la crainte que sa présence ne donnât lieu à quelque dissension. Antar écouta cet avis, mais ne put rester tranquille dans les tentes. L’intérêt qu’il prenait à Cais, et la défiance que lui inspirait la lâcheté des Fazaréens, toujours prêts à user de trahison, l’engagèrent à se montrer. Ayant donc ceint son épée Dhami[1], et étant monté sur son fameux cheval Abjer, il se fit accom-

  1. Chez les Arabes, comme en Europe, à l’époque retracée par les romans de la Table Ronde, les guerriers donnaient un nom à leur épée. Ils faisaient de même pour leurs chevaux, etc., ainsi qu’on l’a vu.