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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/441

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L’œil, trompé par l’aspect au faux jour des étoiles,
Croit que, si le navire, ouvrant ici ses voiles,
Cinglait sur l’élément où la gazelle a fui,
Ces flots pétrifiés s’amolliraient sous lui,
Et donneraient aux mâts courbés sur leurs sillages
Des lames du désert les sublimes tangages !

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Mais le chameau pensif, au roulis de son dos,
Navire intelligent, berce seul sur ces flots ;
Dieu le fit, ô désert ! pour arpenter ta face,
Lent comme un jour qui vient après un jour qui passe,
Patient comme un but qui ne s’approche pas,
Long comme un infini traversé pas à pas,
Prudent comme la soif quarante jours trompée,
Qui mesure la goutte à sa langue trempée ;
Nu comme l’indigent, sobre comme la faim,
Ensanglantant sa bouche aux ronces du chemin ;
Sûr comme un serviteur, humble comme un esclave,
Déposant son fardeau pour chausser son entrave,
Trouvant le poids léger, l’homme bon, le frein doux,
Et pour grandir l’enfant pliant ses deux genoux !

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