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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/450

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Par le vent du simoun, qui soulève sa brume,
De l’océan de sable en transperçant l’écume,
Rougissait comme un fer de la forge tiré ;
Le sol lui renvoyait ce feu réverbéré ;
D’une pourpre de sang l’atmosphère était teinte,
La poussière brûlait cendre au pied mal éteinte ;
Ma tente, aux coups du vent, sur mon front s’écroula,
Ma bouche sans haleine au sable se colla ;
Je crus qu’un pas de Dieu faisait trembler la terre,
Et, pensant l’entrevoir à travers le mystère,
Je dis au tourbillon : — Ô Très-Haut ! si c’est toi,
Comme autrefois à Job, en chair apparais-moi !…

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IX


 
Mais son esprit en moi répondit : « Fils du doute,
» Dis donc à l’Océan d’apparaître à la goutte !
» Dis à l’éternité d’apparaître au moment !
» Dis au soleil voilé par l’éblouissement,
» D’apparaître en clin d’œil à la pâle étincelle
» Que le ver lumineux ou le caillou recèle !
» Dis à l’immensité, qui ne me contient pas,
» D’apparaître à l’espace inscrit dans tes deux pas !