Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et aussitôt commence la querelle ;
Il chasse depuis les derniers jusqu’aux premiers,
Et quand il arrive auprès de la mariée,
Il frappe à mort le parrain et le conducteur.
Le bruit en arrive jusqu’au More.

« Malheur à toi, vaillant More ! voici un héros
Qui a bouleversé le cortége de tes noces.
Il monte un coursier qui ne ressemble point aux autres coursiers,
Il est tacheté et luisant comme un taureau.
Ce n’est point un héros comme les autres héros :
Il porte une pelisse de peau de loup,
Sur la tête un bonnet semblable,
Quelque chose de noir entre ses dents,
Comme un jeune agneau de six mois.
En approchant il a commencé la querelle ;
Il a chassé depuis les derniers jusqu’aux premiers ;
Il a tué le parrain et le conducteur de la mariée. »

Aussitôt le More retourne sa jument,
Et, s’avançant vers Marko, il lui dit :
« Malheur à toi, guerrier inconnu !
Quel est le diable qui te conduit ?
Et pourquoi viens-tu disperser mon cortége,
Et tuer mes parrains et conducteurs ?
Es-tu imbécile ! et ne sais-tu pas qui je suis ?
Ou bien es-tu puissant, mais devenu fou ?
Ou la vie t’est-elle devenue à charge ?