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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/93

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Ils combattent, et pendant quatre heures
Retentit le son aigu des sabres tranchants.
Enfin, le sombre More voit arriver l’instant
Où Marko doit le vaincre.
Soudain il tourne la bride à sa svelte cavale,
Et il fuit en hâte dans les rues de Stamboul.
Marko le poursuit par derrière ;
Mais la rapide cavale fuit ;
Elle fuit, légère et rapide comme la Wila des forêts,
Et s’efforce d’échapper au vigoureux Scharatz.
Tout à coup Marko songe à sa massue ;
Il l’arrache du pommeau de la selle,
Il la lance, et en atteint le More à l’épaule.
Voyez ! il est jeté bas le More ! et d’un coup de sabre
Marko tranche sa noire tête.

Puis, saisissant rapidement la bride de la svelte cavale,
Il retourne avec elle sur la place de Stamboul.
Tous les convives aux noces se sont dispersés,
Et toute seule l’attend la belle fille ;
Autour d’elle sont les coursiers, au nombre de douze,
Qui portent le riche trousseau de la princesse.
Alors Marko reprend avec lui la jeune vierge ;
Il la conduit à la cour du sultan son père,
Et parle en ces termes à l’illustre sultan :
« Vois, sultan ! ici est ta fille, la belle vierge.
Voici la noire tête du More redouté ;
Voici les coursiers, au nombre de douze,
Qui portaient le trousseau de la belle fille. »
Cela dit, il tourne en arrière la tête du Scharatz,
Et reprend le chemin de la blanche Prilip.