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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/105

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XVII

À Paris, un mystère profond avait couvert le départ du roi. M. de La Fayette, qui était venu deux fois aux Tuileries s’assurer, par ses propres yeux, de l’exécution sévère de ses consignes, en était sorti la dernière fois, à minuit, bien convaincu que ces murs gardaient fidèlement le gage du peuple. Ce n’est qu’à sept heures du matin du 21 juin, que les personnes de la domesticité du château, entrant chez le roi et chez la reine, trouvèrent les lits intacts, les appartements vides, et semèrent l’étonnement et la terreur parmi la garde du palais. La famille fugitive avait ainsi huit ou dix heures d’avance sur ceux qui tenteraient de la poursuivre ; supposé qu’on devinât la route et qu’on l’atteignît, on ne l’atteindrait que par des courriers. Les gardes du corps qui accompagnaient le roi arrêteraient aisément ces courriers eux-mêmes. Enfin, on ne tenterait de s’opposer de vive lutte à la fuite que dans les villes où elle serait protégée déjà par les détachements apostés de M. de Bouillé.

Cependant Paris s’éveillait. La rumeur, sortie du château, se répandait dans les quartiers adjacents, et, de proche en proche, jusque dans les faubourgs. On s’abordait avec ces mots sinistres : « Le roi est parti. » On se refusait à le croire. On se portait en foule au château pour s’en assurer, on interrogeait les gardes, on invectivait les traîtres, on croyait marcher sur un complot prêt à éclater. Le nom de