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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/108

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les groupes. « Il est parti, y lisait-on, ce roi imbécile, ce roi parjure ! Elle est partie, cette reine scélérate, qui réunit la lubricité de Messaline à la soif de sang qui consumait Médicis ! Femme exécrable ! furie de la France ! c’est toi qui étais l’âme du complot ! » Le peuple, répétant ces paroles, colportait de rue en rue ces imprécations odieuses, qui nourrissaient sa haine et envenimaient sa terreur.


XVIII

Ce ne fut qu’à dix heures que le gouvernement et la municipalité proclamèrent par trois coups de canon l’événement de la nuit à la nation. L’Assemblée nationale était déjà réunie ; le président lui annonce que M. Bailly, maire de Paris, est venu lui apprendre que le roi et sa famille ont été enlevés des Tuileries, pendant la nuit, par les ennemis de la chose publique. L’Assemblée, déjà instruite individuellement, écoute cette communication dans un imposant silence. Il semble qu’à ce moment solennel la gravité des périls publics lui donne un majestueux sang-froid, et que la sagesse d’une grande nation se retrouve tout entière dans ses représentants. Une seule pensée domine les paroles, les résolutions, les actes. Conserver et défendre la constitution, même le roi absent et la royauté évanouie ; s’emparer de la régence momentanée du royaume, mander les ministres, expédier des courriers sur toutes les routes, arrêter tout individu sortant du royaume, visi-