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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/116

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deliers déclare, dans une de ses affiches, que chacun des citoyens qu’il renferme a juré individuellement de poignarder les tyrans. Marat, un de ses membres, publie un manifeste incendiaire et le répand dans Paris. « Peuple, dit-il, voilà la loyauté, l’honneur, la religion des rois. Souvenez vous de Henri III et du duc de Guise. Henri communie à la même table que son ennemi, et lui jure sur l’autel une éternelle amitié. À peine hors du temple, il distribue à ses mignons des poignards, fait appeler le duc dans son cabinet et le fait percer de mille coups. Fiez-vous aux serments des princes. Dans la matinée du 19, Louis XVI riait des siens et jouissait d’avance de la terreur que vous inspirerait sa fuite. L’Autrichienne a séduit La Fayette la nuit dernière ; Louis XVI en soutane s’est esquivé avec le Dauphin, sa femme, son frère et toute la famille. Il rit maintenant de la sottise des Parisiens, et bientôt il nagera dans leur sang. Citoyens, cette fuite est préparée de longue main par les traîtres de l’Assemblée nationale. Vous touchez à votre perte. Hâtez-vous de songer à votre salut. Nommez à l’instant un dictateur, faites tomber votre choix sur le citoyen qui vous a montré jusqu’à ce jour le plus de lumière, de zèle et de fidélité. Faites tout ce qu’il vous dira de faire pour frapper vos ennemis. Voici le moment de faire tomber la tête de Bailly, de La Fayette, de tous les scélérats de l’état-major, de tous les traîtres de l’Assemblée. Un tribun, un tribun militaire, ou vous êtes perdus sans ressource. Jusqu’à présent j’ai fait pour vous sauver tout ce qui était au pouvoir d’un homme. Si vous négligez ce dernier conseil, je n’ai plus rien à vous dire, je prends congé de vous pour toujours. Louis XVI, à la tête de ses satellites, revient vous bloquer dans Paris ; l’ami du peuple aura un four