Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parmi eux, s’élance à la tribune, et interpellant le général : « Je dois parler et je parlerai comme si je burinais l’histoire pour les siècles à venir. Pourquoi, vous, monsieur de La Fayette, osez-vous venir vous joindre aux amis de la constitution, vous partisan et signataire de ce système de deux chambres inventé par le prêtre Sieyès, système destructeur de la constitution et de la liberté ? N’est-ce pas vous qui m’avez dit à moi-même que le projet de M. Mounier était trop exécré pour qu’on osât le reproduire, mais qu’on pouvait faire accepter à l’Assemblée son équivalent ? Je vous défie de nier ce fait qui vous écrase. Comment se fait-il que le roi, dans sa proclamation, tient le même langage que vous ? Comment avez-vous osé attenter, dans un ordre du jour, à la circulation des écrits publiés par les défenseurs du peuple, tandis que vous accordez la protection de vos baïonnettes aux lâches écrivains, destructeurs de la constitution ? Pourquoi avez-vous ramené captifs et comme en triomphe les habitants du faubourg Saint-Antoine, qui voulaient détruire le dernier repaire de la tyrannie à Vincennes ? Pourquoi, le même soir de cette expédition de Vincennes, avez-vous accordé protection, dans les Tuileries, aux assassins armés de poignards, pour favoriser la fuite du roi ? Expliquez-moi le hasard qui a placé, le 21 juin, de garde aux Tuileries, cette même compagnie de grenadiers de l’Oratoire, que vous aviez punie le 18 avril pour s’être opposée au départ du roi ? Ne nous faisons pas illusion. La fuite du roi n’est que le résultat d’un complot ; il y a eu des intelligences, et vous, monsieur de La Fayette, vous qui répondiez encore dernièrement de la personne du roi sur votre tête, paraître dans cette assemblée, n’est-ce pas y chercher votre condamnation ? Il faut au peuple des