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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/130

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votre salut et de votre gloire, madame, lui dit le jeune officier, dominez votre douleur. Voudriez-vous qu’un autre que moi fût témoin de pareils accès de désespoir ? »

On pressait les préparatifs du départ, dans la crainte que les troupes de M. de Bouillé ne vinssent forcer la ville ou couper la route. Le roi retardait autant qu’il le pouvait. Chaque minute gagnée sur le retour lui donnait une chance de délivrance : il les disputait une à une à ses gardiens. Au moment de monter en voiture, une des femmes de la reine feignit une indisposition grave et subite. La reine refusa de partir sans elle. Elle ne céda qu’aux menaces de la violence et aux cris du peuple impatient. Elle ne voulut pas qu’on portât les mains sur son fils. Elle le prit dans ses bras, monta en voiture, et le cortége royal, escorté de trois ou quatre mille gardes nationaux, se dirigea lentement vers Paris.


XXV

Que faisait pourtant, pendant cette longue agonie du roi, le marquis de Bouillé ? Il avait, comme on l’a vu, passé la nuit aux portes de Dun, à six lieues de Varennes, attendant les courriers qui devaient lui annoncer l’approche des voitures. À trois heures du matin, craignant d’être découvert et n’ayant vu arriver personne, il regagna Stenay, afin d’être à portée de donner des ordres à ses troupes, s’il était arrivé quelque accident au roi. Il était à quatre heures et