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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/161

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n’examinerai pas, dit-il, si le roi a fui volontairement, de lui-même, ou si de l’extrémité des frontières un citoyen l’a enlevé par la force de ses conseils ; je n’examinerai pas si cette faute est une conspiration contre la liberté publique : je parlerai du roi comme d’un souverain imaginaire, et de l’inviolabilité comme d’un principe. » Après avoir combattu le principe de l’inviolabilité par les mêmes arguments dont s’étaient servis Girey-Dupré et Brissot, Robespierre conclut ainsi : « Les mesures que l’on vous propose ne peuvent que vous déshonorer ; si vous les adoptez, je demanderai à me déclarer l’avocat de tous les accusés. Je veux être le défenseur des trois gardes du corps, de la gouvernante du Dauphin, de M. de Bouillé lui-même. Dans les principes de vos comités, il n’y a point de délit ; mais partout où il n’y a pas de délit, il n’y a pas de complices. Messieurs, si épargner un coupable est une faiblesse, immoler le coupable faible en épargnant le coupable tout-puissant, c’est une lâcheté. Il faut ou prononcer sur tous les coupables ou prononcer l’absolution générale. » Grégoire soutint aussi le parti de l’accusation ; Salles défendit l’avis des comités.

Barnave prit enfin la parole pour appuyer l’opinion de Salles : « La nation française, dit-il, vient d’essuyer une violente secousse ; mais, si nous devons en croire tous les augures qui se manifestent, ce dernier événement, comme tous ceux qui l’ont précédé, ne servira qu’à presser le terme, qu’à assurer la solidité de la révolution que nous avons faite. Je ne parlerai pas avec étendue de l’avantage du gouvernement monarchique : vous avez montré votre conviction en l’établissant dans votre pays ; je dirai seulement que tout gouvernement, pour être bon, doit renfermer en lui les conditions de sa stabilité ; car, autrement, au