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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/166

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VII

Pendant que ces hommes exclusivement politiques, mesurant chacun les pas de la Révolution à la portée de leurs regards, voulaient l’arrêter avec courage où s’arrêtaient leurs courtes pensées, la Révolution marchait toujours. Sa pensée à elle était trop grande pour qu’aucune tête de publiciste, d’orateur ou d’homme d’État pût la contenir. Son souffle était trop puissant pour qu’aucune poitrine pût le respirer tout entier. Son but était trop infini pour qu’elle s’amortît sur aucun des buts successifs que l’ambition de quelques factions ou la théorie de quelques hommes d’État pouvaient lui poser. Barnave, les Lameth et La Fayette, comme Mirabeau et comme Necker, essayaient en vain de retourner contre elle la force qu’ils lui avaient empruntée. Elle devait, avant de s’apaiser et de ralentir son impulsion, tromper bien d’autres systèmes, essouffler bien d’autres poitrines et dépasser bien d’autres buts.

Indépendamment des assemblées nationales qu’elle s’était données comme gouvernement et où venaient se concentrer principalement les instruments politiques de son mouvement, elle s’était créé deux leviers plus puissants et plus terribles encore pour remuer et balayer ces corps politiques quand ils tenteraient eux-mêmes de s’établir là où elle voulait avancer. Ces deux leviers, c’étaient la presse et les clubs. Les clubs et la presse étaient aux assemblées lé-