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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/176

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table assemblée du peuple. Les chefs de sa confiance s’y trouvaient. La tribune était occupée par un membre qui dénonçait à la société un citoyen pour avoir tenu un propos injurieux contre Robespierre. L’accusé se justifie ; on le chasse violemment de l’enceinte. En ce moment, Robespierre paraît et demande grâce pour le citoyen qui l’a insulté. Des applaudissements couvrent sa généreuse intercession. L’enthousiasme pour Robespierre est au comble. « Voûtes sacrées des Jacobins, disait une adresse des départements, vous nous répondez de Robespierre et de Danton, ces deux oracles du patriotisme ! » Une pétition fut proposée par Laclos. Elle sera envoyée dans les départements et couverte de dix millions de signatures. Un membre combat cette mesure, par amour pour l’ordre et pour la paix. Danton se lève : « Et moi aussi j’aime la paix, mais ce n’est pas la paix de l’esclavage. Si nous avons de l’énergie, montrons-la. Que ceux qui ne se sentent pas le courage de lever le front devant la tyrannie se dispensent de signer notre pétition. Nous n’avons pas besoin d’autre épreuve pour nous connaître. La voilà toute trouvée. »

Robespierre parla ensuite. Il montra au peuple que Barnave et les Lameth jouaient le même rôle que Mirabeau. « Ils se concertent avec nos ennemis, et nous appellent des factieux ! » Plus timide que Laclos et Danton, il ne se prononça pas sur la pétition. Homme de calcul plus que de passion, il prévoyait que le mouvement désordonné échouerait contre la résistance organisée de la bourgeoisie. Il se réservait une retraite dans la légalité, et gardait une mesure avec l’Assemblée. Laclos insista. Le peuple l’emporta. On se sépara à minuit, et l’on convint qu’on signerait le lendemain la pétition au Champ de Mars.