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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/178

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l’heure du rassemblement, les inscriptions patriotiques gravées sur les faces de l’autel, entendit un léger bruit sous ses pieds. Il s’étonne, il regarde, et il voit la pointe d’une vrille avec laquelle des hommes cachés sous les marches de l’autel perçaient les planches du piédestal. Il court au premier poste. Des soldats le suivent. On soulève une des marches et on trouve deux invalides, qui s’étaient introduits pendant la nuit sous l’autel, sans autre dessein, déclarent-ils, qu’une puérile et obscène curiosité. Aussitôt le bruit se répand qu’on a miné l’autel de la patrie pour faire sauter le peuple ; qu’un baril de poudre a été découvert à côté des conjurés ; que les invalides surpris dans les préparatifs du crime étaient des stipendiés connus de l’aristocratie ; qu’ils ont avoué leur fatal dessein et les récompenses promises au succès de leur scélératesse. La foule, trompée et furieuse, entoure le poste du Gros-Caillou. On interroge les deux invalides. Aussitôt qu’ils sortent du poste pour être conduits à l’hôtel de ville, on se jette sur eux, on les arrache aux soldats qui les conduisent, ils sont égorgés, et leurs têtes, placées au bout de piques, sont promenées, par une bande d’enfants féroces, jusqu’aux environs du Palais-Royal.


XII

La nouvelle de ces meurtres, confusément répandue et diversement interprétée dans la ville, à l’Assemblée, parmi les groupes, y excita des sentiments divers, selon qu’on y