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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/187

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venait de défendre, plus morne et plus silencieuse encore sous les fenêtres de ce palais de la monarchie dont elle venait de soutenir la cause plutôt que le roi. Bailly, froid et impassible comme la loi, La Fayette, résolu comme un système, ne savaient lui imprimer aucun élan au delà de son rigoureux devoir. Elle replia le drapeau rouge, teint de son premier sang, et se dispersa bataillon par bataillon dans les rues sombres de Paris, plutôt comme une gendarmerie qui rentre d’une exécution que comme une armée qui revient d’une victoire.

Telle fut cette journée du Champ de Mars, qui donna à l’Assemblée constituante trois mois dont elle ne profita pas, qui intimida quelques jours les clubs, mais qui ne rendit ni à la monarchie ni à l’ordre le sang qu’elle avait coûté. La Fayette eut peut-être, ce jour-là, entre les mains la république ou la monarchie : il ne sut vouloir que l’ordre.


XVI

Le lendemain, Bailly vint rendre compte à l’Assemblée du triomphe de la loi. Il témoigna la douleur qui était dans son âme et la mâle énergie qui était dans son devoir. « Les conjurations étaient formées, dit-il, la force était nécessaire. Le châtiment est retombé sur le crime. » Le président approuva au nom de l’Assemblée la conduite du maire, et Barnave remercia, en termes froids et timides, la garde nationale. Ses louanges ressemblaient presque à des excuses.