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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/23

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les armées des rois et que les foudres des pontifes. C’était l’intelligence qu’il armait de la parole. Ces deux forces sont maîtresses de l’homme : elles devaient l’être plus tard de l’humanité. Le monde intellectuel était né d’une invention matérielle ; il avait promptement grandi. La liberté religieuse en était sortie.

L’empire du christianisme catholique avait subi d’immenses démembrements. La Suisse, une partie de l’Allemagne, la Hollande, l’Angleterre, des provinces entières de la France avaient été soustraites au centre d’autorité religieuse, et avaient passé à la doctrine du libre examen. L’autorité divine attaquée et contestée dans le catholicisme, l’autorité du trône restait à la merci des peuples. La philosophie, plus puissante que la sédition, s’en était approchée de plus en plus avec moins de respect et moins de crainte. L’histoire avait pu écrire les faiblesses ou les crimes des rois. Les publicistes avaient osé la commenter ; les peuples avaient osé conclure. Les institutions sociales avaient été pesées au poids de leur utilité réelle pour l’humanité. Les esprits les plus pieux envers le pouvoir avaient parlé aux souverains de devoirs, aux peuples de droits. Les hardiesses saintes du christianisme avaient retenti jusque dans la chaire sacrée, en face de Louis XIV. Bossuet, ce génie théocratique, avait entremêlé ses adulations orgueilleuses à Louis XIV de quelques-uns de ces avertissements austères qui consolent les peuples de leur abaissement. Fénelon, ce génie évangélique et tendre de la loi nouvelle, avait écrit ses instructions aux princes et son Télémaque dans le palais d’un roi et dans le cabinet de l’héritier du trône. La philosophie politique du christianisme, cette insurrection de la justice en faveur des faibles,