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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/233

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XI

Mais tout le nœud de la situation était dans la question de savoir si, la constitution une fois achevée, la nation se reconnaîtrait dans la constitution même le droit de la reviser et de la changer. Ce fut dans cette occasion que Malouet, quoique abandonné de son parti, tenta seul, et sans espérance, la restauration de l’autorité royale. Ce discours, digne du génie de Mirabeau, était l’acte d’accusation le plus terrible contre les excès du peuple et contre les égarements de l’Assemblée. La modération y tempérait la force ; on sentait l’homme de bien sous l’orateur, et dans le législateur l’homme d’État. Quelque chose de l’âme sereine et stoïque de Caton respire dans ces paroles ; mais l’éloquence politique est plus dans le peuple qui écoute que dans l’homme qui parle. La voix n’est rien sans le retentissement qui la multiplie. Malouet, déserté des siens, abandonné par Barnave, qui l’écoutait en gémissant, ne parlait plus que pour sa conscience ; il ne combattait plus pour la victoire, mais pour son principe. Voici ce discours :

« On vous propose de déterminer l’époque et les conditions de l’exercice d’un nouveau pouvoir constituant ; on vous propose de subir vingt-cinq ans de désordre et d’anarchie avant d’avoir le droit d’y remédier. Remarquez d’abord dans quelles circonstances on vous propose d’imposer silence aux réclamations de la nation sur ses nouvelles