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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/247

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Le président répondit au roi : « L’Assemblée nationale, parvenue au terme de sa carrière, jouit en ce moment du premier fruit de ses travaux. Convaincue que le gouvernement qui convient le mieux à la France est celui qui concilie les prérogatives respectables du trône avec les droits inaliénables du peuple, elle a donné à l’État une constitution qui garantit également la royauté et la liberté. Nos successeurs, chargés du redoutable dépôt du salut de l’empire, ne méconnaîtront ni leurs droits ni les limites constitutionnelles. Et vous, Sire, vous avez presque tout fait : en acceptant la constitution vous avez fini la Révolution. »

Le roi sortit au bruit des acclamations. On eût dit que l’Assemblée nationale était pressée de déposer la responsabilité des événements qu’elle ne se sentait plus la force de maîtriser. « L’Assemblée nationale constituante déclare, dit Target, son président, que sa mission est finie, et qu’elle termine en ce moment ses séances. »

Le peuple, qui se pressait en foule autour du Manége, et qui voyait avec peine la Révolution abdiquer entre les mains du roi, insulta, à mesure qu’il les reconnaissait, les membres du côté droit, et même Barnave ; ils recueillirent, dès le premier jour, l’ingratitude qu’ils avaient si souvent fomentée. Ils se séparèrent dans la tristesse et dans le découragement.

Quand Robespierre et Pétion sortirent, le peuple les couronna de feuilles de chêne et détela les chevaux de leurs voitures pour les ramener en triomphe. La puissance de ces deux hommes attestait déjà la faiblesse de la constitution et présageait sa chute. Un roi amnistié rentrait impuissant dans son palais. Des législateurs timides abdiquaient dans