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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/267

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Italie et retenait à Rome y faisait pénétrer, avec l’or et la science, le scepticisme et l’indifférence, qui détruisent les croyances avant de saper les institutions.

Naples, sous une cour corrompue, laissait le fanatisme à la populace. Florence, sous un prince philosophe, était une colonie expérimentale des doctrines modernes. Le poëte Alfieri, ce Tyrtée de la liberté italienne, y faisait représenter ses drames révolutionnaires, et semait de là ses maximes contre la double tyrannie des papes et des rois sur tous les théâtres de l’Italie.

Milan, sous le drapeau autrichien, avait dans ses murs une république de poëtes et de philosophes. Beccaria y écrivait plus hardiment que Montesquieu ; son livre Des délits et des peines était l’acte d’accusation de toutes les lois de son pays. Parini, Monti, Cesarotti, Pirdemonte, Ugo Foscolo, poëtes souriants, sérieux ou héroïques, y mordaient les ridicules de leurs tyrans, les lâchetés de leurs compatriotes, ou y chantaient, dans des odes patriotiques, les vertus de leurs aïeux et la prochaine délivrance de leur patrie.

Turin seul, attaché à la maison de Savoie, se taisait et proscrivait Alfieri.

En Angleterre, la pensée, libre depuis longtemps, avait produit des mœurs fortes. L’aristocratie s’y sentait assez puissante pour n’être jamais persécutée. Les cultes y étaient aussi indépendants que les consciences. La religion dominante n’y était qu’une institution politique, qui, en engageant le citoyen, laissait le croyant à son libre arbitre. Le gouvernement lui-même était populaire ; seulement le peuple ne s’y composait que des premiers de ses citoyens. La chambre des Communes y ressemblait plus à un sénat