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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/282

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n’étaient pas obéis. Le prince de Condé, le comte de Provence et le comte d’Artois avaient chacun leur diplomatie et leur cour. Ils abusaient du nom du roi pour faire prévaloir leur crédit et leur politique. De là tant de difficultés, pour les historiens de cette époque, à discerner la main du roi dans toutes ces trames ourdies en son nom, et à se prononcer entre sa complète innocence et ses connivences avec l’étranger. Il ne trahit point son pays, il ne vendit point son peuple, mais il ne tint pas ses serments à la constitution. Honnête homme, mais roi persécuté, il crut que des serment arrachés par la violence et éludés par la peur n’étaient pas des parjures. On manquait tous les jours à ceux qu’on lui avait prêtés ; il pensa, sans doute, que les excès du peuple le relevaient de sa parole. Élevé dans le préjugé de sa souveraineté personnelle, il chercha de bonne foi, au milieu de ces partis qui se disputaient l’empire, où était la nation, et ne la voyant nulle part, il se crut permis de la voir en lui. Sa faute ne fut jamais dans sa volonté, mais dans sa naissance, sa situation, ses malheurs.


XIV

Le baron de Breteuil, ancien ministre et ancien ambassadeur, homme inaccessible aux concessions, conseiller de force et de rigueur, était sorti de France au commencement de 1790, chargé des pleins pouvoirs secrets du roi auprès de toutes les puissances. Il était à lui seul, au