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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/293

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en fanatisme de gloire, et tromper l’esprit du siècle en l’enivrant par des conquêtes, au lieu de le satisfaire par des institutions.

Les députés girondins étaient de ce parti. Brissot les inspirait. Flattés de ce titre d’homme d’État, qu’ils prenaient déjà par vanité et qu’on leur jetait par ironie, ils voulaient justifier leur prétention par un coup d’audace qui changeât la scène et qui déconcertât à la fois le roi, le peuple et l’Europe. Ils avaient étudié Machiavel, et regardaient le dédain du juste comme une preuve de génie. Peu leur importait le sang du peuple, pourvu qu’il cimentât leur ambition.

Le parti jacobin, à l’exception de Robespierre, demandait aussi la guerre à grands cris ; son fanatisme lui faisait illusion sur sa faiblesse. La guerre, pour ces hommes, était un apostolat armé, qui allait propager leur philosophie sociale par tout l’univers. Le premier coup de canon tiré au nom des droits de l’homme devait ébranler tous les trônes. Enfin, un troisième parti espérait dans la guerre : c’était le parti des constitutionnels modérés. Il se flattait de rendre quelque énergie au pouvoir exécutif, par la nécessité de concentrer l’autorité militaire dans les mains du roi, au moment où la nationalité serait menacée. Toute guerre extrême donne la dictature au parti qui la fait. Ils espéraient pour le roi et pour eux cette dictature de la nécessité.