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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/299

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les hommes d’État de la Grande-Bretagne à une révolution imitée de la leur, qui, après avoir remué le peuple, viendrait s’assouplir dans la main d’une aristocratie intelligente. Cette mission était facile, si la Révolution se fût régularisée quelques mois à Paris. Les idées françaises avaient la popularité à Londres. L’opposition était révolutionnaire. Fox et Burke, amis alors, passionnaient l’opinion pour la liberté du continent. Il faut rendre cette justice à l’Angleterre, que le principe moral et populaire caché dans les bases de sa constitution ne s’est jamais renié lui-même en combattant les efforts des autres peuples pour se donner un gouvernement libre. Elle s’est assimilé la liberté partout.


XXI

La mission de M. de Ségur à Berlin était plus délicate. Il s’agissait de détacher le roi de Prusse de son alliance avec l’empereur Léopold, qu’on ne croyait pas encore couronné, et d’entraîner le cabinet de Berlin dans une alliance avec la France révolutionnaire. Cette alliance promettait à la Prusse, avec sa sécurité sur le Rhin, tout l’ascendant des idées nouvelles en Allemagne ; c’était une idée machiavélique qui devait sourire au génie agitateur du grand Frédéric. Il avait fait de la Prusse la puissance corrosive de l’Empire.

M. de Ségur ne voulut partir qu’après avoir emporté