Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

début. La constitution trébuchait au premier pas. Cette déchéance de ses titres paraissait un plus grand abaissement de la royauté que la déchéance de son pouvoir absolu. « N’avons-nous donc gardé un roi, disait-on, que pour le livrer aux outrages et à la risée des représentants du peuple ? Une nation qui ne se respecte pas dans son chef héréditaire se respectera-t-elle jamais dans ses représentants élus ? Est-ce par des outrages semblables que la liberté se fera accepter du trône ? Est-ce en semant des ressentiments pareils dans le cœur du roi qu’on lui fera chérir la constitution et qu’on s’assurera son loyal concours au maintien des droits du peuple et au salut de la nation ? Si le pouvoir exécutif est une réalité nécessaire, il faut le respecter dans le roi : si ce n’est qu’une ombre, il faut encore l’honorer. » Le conseil des ministres s’assembla. Le roi déclara avec amertume qu’il n’était point condamné par la constitution à aller livrer, dans sa personne, la majesté royale aux outrages de l’Assemblée, et qu’il ferait ouvrir le Corps législatif par les ministres.

Ce bruit répandu dans Paris amena une réaction soudaine en faveur du roi. L’Assemblée, encore hésitante, en ressentit le contre-coup. La popularité qu’elle avait cherchée lui manquait sous la main. Elle fléchit. « Qu’est-il résulté du décret d’hier ? dit le député Vosgien à l’ouverture de la séance du 6 octobre. Une nouvelle espérance des ennemis du bien public, l’agitation du peuple, la baisse du crédit, l’inquiétude générale. Rendons au représentant héréditaire du peuple ce qui lui appartient dans nos respects. Ne lui laissons pas croire qu’il sera le jouet de chaque législation qui s’ouvrira. Il est temps de jeter l’ancre de la constitution. »