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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/316

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ferons hacher par nos baïonnettes ! » Ces députés, secondés par Barère, vinrent dénoncer ces outrages au club des Jacobins ; mais rien ne s’émut hors de la salle, et ils n’emportèrent que de stériles indignations.


IV

Le roi, rassuré par ces dispositions de l’esprit public, se rendit le 7 à l’Assemblée. Sa présence fut le signal d’unanimes applaudissements. Les uns applaudissaient en lui le roi ; les autres, dans le roi, applaudissaient la constitution. Elle inspirait alors un fanatisme réel à cette masse inerte qui ne juge des choses que par les mots et qui croit impérissable tout ce que la loi proclame sacré. On ne se contenta pas de crier : « Vive le roi ! » On cria aussi : « Vive Sa Majesté ! » Les acclamations d’une partie du peuple vengeaient les offenses de l’autre et faisaient ainsi revivre ces titres qu’un décret avait tenté d’effacer. On applaudit jusqu’à la réinstallation du fauteuil royal à côté de celui du président. Il semblait aux royalistes que ce fauteuil fût un trône où la nation rasseyait la monarchie. Le roi parla debout et découvert. Son discours fut rassurant pour les esprits, touchant pour les cœurs. S’il n’avait pas l’accent de l’enthousiasme, il avait l’accent de la bonne foi. « Pour que nos travaux, dit-il, produisent le bien qu’on doit en attendre, il faut qu’entre le corps législatif et le roi il règne une constante harmonie et une confiance