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Les princes français sont plus coupables encore. La sommation de rentrer dans leur patrie, qu’on vous propose de leur adresser, ne suffit ni à votre honneur ni à votre sécurité. Leurs attentats sont avérés ; il faut qu’ils tremblent devant vous ou que vous trembliez devant eux, il faut opter ! On parle de la douleur profonde dont sera pénétré le cœur du roi. Brutus immola des enfants criminels à sa patrie ! Le cœur de Louis XVI ne sera pas mis à une si rude épreuve. Si ces princes, mauvais frères et mauvais citoyens, refusent de l’entendre, qu’il s’adresse au cœur des Français ; il y trouvera de quoi se dédommager de ses pertes. » (On applaudit.)

Pastoret, qui parla après Vergniaud, cita le mot de Montesquieu : Il est un temps où il faut jeter un voile sur la liberté, comme on cache les statues des dieux. Veiller toujours et ne craindre jamais doit être la conduite d’un peuple libre. Il proposa des mesures répressives, mais modérées et progressives, contre les absents.


XVII

Isnard déclara que les mesures proposées jusque-là satisfaisaient à la prudence, mais non à la justice et à la vengeance qu’une nation outragée se devait à elle-même. « Si vous me laissiez dire la vérité, ajouta-t-il, je dirais que, si nous ne punissons pas tous ces chefs de rebelles, ce n’est pas que nous ne sachions au fond du cœur qu’ils sont cou-