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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/354

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XVIII

Ces deux décrets portèrent la douleur dans le cœur du roi et la consternation dans son conseil. La constitution lui donnait le droit de les suspendre par le veto royal ; mais suspendre les effets de la colère publique contre les ennemis armés de la Révolution, c’était l’appeler sur lui-même. Les Girondins fomentaient artificieusement ces éléments de discorde entre l’Assemblée et le roi. Ils attendirent avec impatience que le refus de sanctionner les décrets portât l’irritation au comble et forçât le roi à fuir ou à se remettre dans leurs mains.

L’esprit, plus monarchique, de l’Assemblée constituante régnait encore dans le directoire du département de Paris. Desmeuniers, Baumetz, Talleyrand-Périgord, La Rochefoucauld, en étaient les principaux membres. Ils rédigèrent une adresse au roi pour supplier ce prince de refuser sa sanction au décret contre les prêtres non assermentés. Cette adresse, où l’Assemblée législative était traitée avec hauteur, respirait les vrais principes de gouvernement en matière religieuse. Elle se résumait par cet axiome qui est ou qui doit être le code des consciences : « Puisque aucune religion n’est une loi, qu’aucune religion ne soit un crime ! »