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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/378

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tution. Tout ce qui embarrasse nuit. Mais le motif de cette inconséquence était moins une erreur de sa raison qu’une respectueuse piété pour un vieux prestige, et un généreux attendrissement pour une race longtemps couronnée. Si la race des Bourbons eût été éteinte au mois de septembre 1791, à coup sûr l’Assemblée constituante n’aurait pas inventé un roi.


V

Cependant la royauté de 91, très-peu différente de la royauté d’aujourd’hui, pouvait fonctionner un siècle aussi bien qu’un jour. L’erreur de tous les historiens est d’attribuer aux vices de la constitution le peu de durée de l’œuvre de l’Assemblée constituante. D’abord, cette œuvre n’était pas principalement de perpétuer ce rouage d’une royauté inutile, placé, par complaisance pour l’œil du peuple, dans un mécanisme qu’il ne réglait pas. L’œuvre de l’Assemblée constituante, c’était la régénération des idées et du gouvernement, le déplacement du pouvoir, la restitution du droit, l’abolition de toutes les servitudes, même de l’esprit, l’émancipation des consciences, la création de l’administration ; cette œuvre-là dure, et durera autant que le nom de la France. Le vice de l’institution de 1791 n’était ni dans telle disposition ni dans telle autre. Elle n’a pas péri parce que le veto du roi était suspensif au lieu d’être absolu, elle n’a pas péri parce que le droit de paix ou de guerre