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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/385

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pour cette fonction. Il s’appelle des deux noms de la société elle-même : unité et hérédité.


IX

Un peuple, au contraire, est-il à une de ces époques où il lui faut agir dans toute l’intensité de ses forces pour opérer en lui ou en dehors de lui une de ces transformations organiques qui sont aussi nécessaires aux peuples que le courant est nécessaire aux fleuves, ou que l’explosion est nécessaire aux forces comprimées, la république est la forme obligée et fatale d’une nation à un pareil moment. À une action soudaine, irrésistible, convulsive du corps social, il faut les bras et la volonté de tous. Le peuple devient foule, et se porte sans ordre au danger. Lui seul peut suffire à la crise. Quel autre bras que celui du peuple tout entier pourrait remuer ce qu’il a à remuer ? déplacer ce qu’il veut détruire ? installer ce qu’il veut fonder ? La monarchie y briserait mille fois son sceptre. Il faut un levier capable de soulever trente millions de volontés. Ce levier, la nation seule le possède. Elle est elle-même la force motrice, le point d’appui et le levier.