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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/450

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l’univers que la lutte de la perfidie avec la faiblesse, de l’égoïsme avec l’ambition, la génération naissante commencera à purifier cette terre souillée de vices. Elle apportera, non la paix du despotisme ni les stériles agitations de l’intrigue, mais le feu et le glaive pour incendier les trônes et exterminer les oppresseurs. Postérité plus heureuse, tu ne nous es pas étrangère ! C’est pour toi que nous affrontons ces orages et les piéges de la tyrannie ! Découragés souvent par les obstacles qui nous environnent, nous sentons le besoin de nous élancer vers toi ! C’est toi qui achèveras notre ouvrage ; garde seulement dans ta mémoire les noms des martyrs de la liberté ! » On sentait dans ces accents le retentissement de l’âme de Rousseau.


VII

Louvet, un des amis de Brissot, en comprit la puissance et monta à la tribune pour supplier l’homme qui arrêtait seul la Gironde : « Robespierre, lui dit-il en l’apostrophant directement, Robespierre, vous tenez seul l’opinion publique en suspens. Cet excès de gloire vous était réservé sans doute. Vos discours appartiennent à la postérité. La postérité viendra entre vous et moi. Mais enfin vous attirez sur vous la plus grande responsabilité en persistant dans votre opinion. Vous êtes comptable à vos contemporains et même aux générations futures. Oui, la postérité viendra se mettre entre vous et moi, quelque indigne que j’en sois.