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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/458

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La Révolution insultée, notre cocarde profanée, les rassemblements d’émigrés protégés dans les États qui dépendent d’elle, et enfin l’aveu d’un concert des puissances auquel elle déclare s’associer contre nous. Quand du sein du Luxembourg nos princes nous menacent d’une invasion imminente et se vantent d’être appuyés par les puissances, l’Autriche se tait et sanctionne par son silence les menaces de nos ennemis. Elle affecte, il est vrai, de temps en temps de condamner les manifestations hostiles à la France ; mais ces blâmes convenus ne sont qu’une hypocrisie de paix. La cocarde blanche et l’uniforme contre-révolutionnaire sont impunément portés dans ses États ; nos couleurs nationales y sont proscrites. Quand le roi a menacé l’électeur de Trèves d’aller disperser chez lui les rassemblements qui nous menaçaient, l’empereur a ordonné au général Bender de marcher au secours de l’électeur de Trèves. C’est peu : dans le rapport concerté à Pilnitz, l’empereur déclare conjointement avec le roi de Prusse que les deux puissances s’entendront sur les affaires de France avec les autres cours de l’Europe, et qu’en cas de guerre elles se prêteront secours et assistance réciproques. Ainsi il est démontré que l’empereur a violé le traité de 1756 en contractant des alliances à l’insu de la France ; il est démontré qu’il s’est fait lui-même le centre et le moteur d’un système antifrançais. Quel peut être son but, si ce n’est de nous intimider et de nous dominer pour nous amener insensiblement à accepter un congrès et à subir des modifications honteuses à nos nouvelles institutions ?

» Peut-être, ajoutait Gensonné, cette idée est-elle éclose au sein de la France ; peut-être des intelligences secrètes font-elles espérer à l’empereur le maintien de la paix à de