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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/461

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À ces mots l’Assemblée se lève comme soulevée par une seule impulsion. Tous les bras se tendent, toutes les mains s’ouvrent dans l’attitude d’un homme prêt à prêter serment. Les tribunes confondent leurs applaudissements à ceux qui retentissent dans la salle. Le décret est voté.

M. de Lessart, que le geste et les réticences de Guadet semblaient avoir déjà désigné pour victime aux soupçons du peuple, ne veut pas rester sous le poids de ces allusions terribles. « On a parlé, dit-il, des agents politiques du pouvoir exécutif ; je dois déclarer que je ne connais rien qui doive autoriser à suspecter leur fidélité. Quant à moi, je répéterai le mot de mes collègues au ministère, et je le prends pour moi : La constitution ou la mort ! »

Pendant que Gensonné et Guadet soulevaient l’Assemblée dans cette scène concertée, Vergniaud soulevait la foule par le projet d’adresse au peuple français répandu depuis quelques jours dans les masses. Les Girondins calquaient Mirabeau. Ils se souvenaient de l’effet produit deux ans plus tôt par le projet d’adresse au roi pour le renvoi des troupes.

« Français ! dit Vergniaud, l’appareil de la guerre se déploie sur vos frontières ; on parle de complots contre la liberté. Vos armées se rassemblent, de grands mouvements agitent l’empire. Des prêtres séditieux préparent dans le secret des consciences et jusque dans les chaires le soulèvement contre la constitution. Des lois martiales étaient nécessaires. Dès lors, elles nous ont paru justes… Mais nous n’avions réussi qu’à faire briller un moment la foudre aux yeux de la rébellion. La sanction du roi a été refusée à nos décrets. Les princes de l’Allemagne font de leur territoire un repaire de conspirateurs contre vous. Ils protégent les