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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/480

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Brissot attaqua ces mesures répressives dans un discours où il ne craignit pas de rejeter l’odieux du crime sur les victimes et d’accuser le gouvernement de complicité avec l’aristocratie des colons. « Par quelle fatalité ces nouvelles coïncident-elles avec un moment où les émigrations redoublent, où les rebelles rassemblés sur nos frontières nous annoncent une prochaine explosion, où enfin les colonies nous menacent par une députation illégale de se soustraire à la domination de la métropole ? Ne serait-ce ici qu’une ramification d’un grand plan combiné par la trahison ? » La répugnance des amis des noirs, nombreux dans l’Assemblée, à prendre des mesures énergiques en faveur des colons, l’indifférence du parti révolutionnaire pour les colonies, l’éloignement du lieu de la scène qui affaiblit la pitié, et enfin le mouvement intérieur qui emportait les esprits et les choses, effacèrent bien vite ces impressions et laissèrent se former et grandir à Saint-Domingue le génie de l’indépendance des noirs, qui se montrait de loin dans la personne d’un pauvre et vieil esclave : Toussaint Louverture.


XII

Les désordres intérieurs se multipliaient sur tous les points de l’empire. La liberté religieuse, qui était le vœu de l’Assemblée constituante et la grande conquête de la Révolution, ne pouvait s’établir sans cette lutte en face d’un culte dépossédé et d’un schisme naissant qui se dispu-