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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/77

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VI

Mirabeau mort, le roi suivit la pensée de cette fuite en la modifiant ; il écrivit en chiffres, à la fin d’avril, au marquis de Bouillé, pour lui annoncer qu’il partirait incessamment avec toute sa famille, dans une seule voiture qu’il faisait faire secrètement pour cet usage ; il lui ordonnait d’établir une chaîne de postes de Châlons à Montmédy, ville frontière où il voulait se rendre. La route la plus directe de Paris à Montmédy passait par Reims ; mais le roi, qui avait été sacré à Reims, craignait d’y être reconnu. Il préféra, malgré les observations de M. de Bouillé, passer par Varennes. La route de Varennes avait l’inconvénient de n’avoir pas de relais de poste partout. Il fallait y envoyer des relais sous différents prétextes ; la présence de ces relais pouvait faire naître des soupçons dans le peuple de ces petites villes. La présence de détachements sur une route que les troupes ne fréquentaient pas habituellement avait le même danger. M. de Bouillé voulut détourner le roi de cette direction. Il lui représenta, dans sa réponse, que, si les détachements étaient forts, ils inquiéteraient les municipalités et les provoqueraient à la vigilance ; que, s’ils étaient faibles, ils ne pourraient le protéger. Il l’engagea aussi à ne pas employer une berline exprès et remarquable par sa forme, mais à se servir de deux diligences anglaises, voitures usitées alors et plus légères ; il insista surtout sur