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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/84

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rieurs. L’intérieur du château, les escaliers, les communications entre les appartements, étaient surveillés par la garde nationale. M. de La Fayette y venait à toute heure ; ses officiers rôdaient la nuit à toutes les issues, et des ordres non écrits, mais tacites, les autorisaient à empêcher le roi lui-même de sortir de son palais après minuit.

À cette surveillance officielle venait s’adjoindre l’espionnage secret et plus intime de cette nombreuse domesticité du palais, où l’esprit de la Révolution était venu encourager l’infidélité et sanctifier l’ingratitude. Là, comme plus haut, la délation s’appelait vertu, et la trahison patriotisme. Dans les murs de ce palais de ses pères, le roi n’avait de sûr que le cœur de la reine, de sa sœur, et de quelques courtisans de son infortune, dont les gestes mêmes étaient rapportés à M. de La Fayette. Ce général avait expulsé violemment et injurieusement du château des gentilshommes fidèles, qui étaient venus fortifier la garde des appartements le jour de l’émeute de Vincennes. Le roi avait dû voir, les larmes aux yeux, ses amis les plus dévoués chassés honteusement de sa demeure, et livrés par son protecteur officiel aux risées et aux outrages de la populace. La famille royale ne pouvait donc trouver aucune complicité au dedans pour favoriser son évasion.